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Keto billet n°10 – Flagrant délire

17 octobre 2021
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Dans le vestiaire des filles…

Cette semaine, pas de grande déclaration. Juste une petite anecdote, un peu rigolote, juste un peu.

Keto billet n°10 Flagrant delire

Je suis inscrite à un club de natation. Tous les mercredis, je vais suivre un cours collectif dans l’une des piscines de ma ville. Nous sommes plusieurs groupes de nageuses et nageurs de différents niveaux. Si nous sommes séparés dans le bassin en fonction de nos capacités, nous faisons vestiaires communs. La mixité n’est pas de rigueur (faut pas déconner quand même !) : les femmes avec les femmes, les hommes avec les hommes.

Même si cette perspective ne m’enchantait guère début septembre, je suis désormais beaucoup plus à l’aise.

Marguerite

keto billet n°10 marguerite

Dans le vestiaire féminin, nous sommes une bonne vingtaine à nous changer en même temps en arrivant et en repartant. Il y règne une ambiance pudique mais chaleureuse. Ici, nous sommes toutes à égalité dans nos maillots de bain et nos complexes plus ou moins assumés.

Parmi nous, il y a une femme d’une cinquantaine d’années qui s’appelle Marguerite (j’ai changé le prénom) et qui est un peu la patronne. Elle est dans le club depuis 10 ans, elle nage chez les confirmés et a fait plusieurs compétitions par le passé. Elle accueille toutes les nouvelles avec un petit mot gentil d’encouragement, rappelant à toute (moi y compris), qu’elle a appris à nager à 25 ans et que cela ne l’a pas empêché d’être championne régionale sénior à 40 ans. Marguerite, c’est un sacré numéro, attachante et envahissante. C’est une grande femme, musclée, magnifique, le regard franc et clair et le sourire élargi par une canine manquante. Tout le monde le sait : elle est mariée, a deux chiens et deux enfants, dans cet ordre.

Gourmandises

Cela fait plusieurs mercredis qu’elle propose aux filles en arrivant dans le vestiaire, des petites friandises : « L’hiver arrive les filles, faut des forces pour nager ! Tiens, prends un petit gâteau ! Tiens, prends un mini Kinder Bueno. Allez les filles, on recharge les batteries avant l’effort !! »

Beaucoup acceptent les sucreries et s’en régalent à grands coups de rugissements langoureux ! « C’est des cochonneries, mais qu’est-ce que c’est bon ! » et de prendre un 2e chocolat avant de filer vers le bassin.

J’ai toujours décliné les propositions gourmandes de Marguerite d’un simple « non merci », sans en dire plus. Pas besoin de m’expliquer mais j’ai trouvé ces actes de générosité tellement gentils que ça m’a fait presque de la peine de lui dire non !

Parallèlement à cela, celles et ceux qui me suivent sur Instagram savent que le mercredi est pour moi, en plus d’être le jour de la piscine, le jour du jeûne. Je mange le mardi soir et je remange le jeudi midi. Entre ces deux repas, je ne fais que boire de l’eau, du café ou de la tisane. Je pratique ce jeûne de 40 heures depuis début septembre et cela me réussit plutôt bien. J’aime la sensation d’être à jeun quand je vais nager, je me sens énormément d’énergie sans aucun coup de fatigue.

Jusqu’au jour où…

Voilà où nous en étions jusqu’à mercredi dernier. Car mercredi dernier, il s’est passé quelque chose. Marguerite avait ramené des barres de céréales aux pépites de chocolat, en avait cassé certaines en morceaux et les distribuait aux filles du vestiaire. Jusque-là, tout se passait comme d’habitude. Et quand elle est venue vers moi, alors que j’étais en train d’enlever mon pantalon, l’esprit ailleurs, je lui ai répondu machinalement « non merci, je suis en jeûne. »

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Elle s’est figée comme une statue. « Pardon ? » J’ai relevé la tête et son air incrédule, totalement prise au dépourvue m’a moi-même mise dans une situation d’urgence. Tout à coup, là, dans ce vestiaire qui sentait le chlore, entourée de vingt nanas en maillot de bain, il fallait que j’explique mon jeûne de 40 heures.  Mon pantalon sur les chevilles, je me suis mise à bafouiller « Oui, je jeûne le mercredi. Mais c’est très gentil de me proposer ! »

« Tu jeûnes ? » Elle l’a dit fort, du moins suffisamment pour créer un petit moment suspendu dans le vestiaire. Toutes les filles ont marqué un temps d’arrêt, me regardant du coin de l’œil. Je me suis sentie comme prise en flagrant délit. Quel crime de lèse-majesté avais-je osé commettre ? J’ai juste répondu « Oui. Mais tout va bien, c’est sous contrôle ».

Marguerite était sciée, le regard scotché sur moi. « Ca veut dire que tu n’as pas mangé DE LA JOURNEE ? ». J’ai commencé à sentir que ce malaise ne devait pas m’envahir. J’ai fini d’enlever mes fringues et je lui ai répondu calmement en souriant « Oui, mais je m’hydrate ! Tout va bien, je t’assure ! ». J’avais l’impression qu’elle était en état de choc. « Tu ne manges pas de la journée et tu vas nager ? Non mais c’est n’importe quoi ! Prends des céréales ! ». Elle m’a tendu une barre encore emballée, le regard inquiet, complètement déboussolée. J’étais prise entre l’envie de l’envoyer balader en lui disant de se mêler de ses affaires et le désir de ne pas faire de vague et de la rassurer. On n’avait pas beaucoup de temps, le cours commençait quelques minutes plus tard. Ce n’était ni le lieu, ni le moment pour expliquer toute ma démarche. Et en plus, tout cela ne la concerne pas. Je sentais l’agacement me gagner. J’ai fini de ranger mes affaires dans mon sac, pris mes palmes sous le bras et lui ait dit un peu plus fermement « Non merci Marguerite. Je t’assure, tout va bien, j’ai beaucoup d’énergie. A tout à l’heure ! »

J’ai tourné les talons et je suis partie vers le bassin, prise d’une étrange sensation. J’avais l’impression d’avoir été démasquée d’un secret. Un secret honteux aux yeux des autres parce qu’incompréhensible. C’est comme si Marguerite avait appris que j’appartenais à une secte. Je me suis sentie membre d’une minorité, face à la puissance majoritaire et son sentiment de détenir la vérité absolue. Je ne me suis pas sentie déstabilisée par le fait d’avoir refusé la barre de céréales, mais par le fait de m’être retrouvée dans une situation à devoir me justifier de ce que je fais de mon corps. Je mange ce que je veux sans avoir de compte à rendre à personne, surtout en public ! Non mais !

J’ai bien compris que Marguerite a été sonnée, elle ne s’attendait pas à ce que je lui parle de jeûne, ce qui manifestement pour elle, est une hérésie. L’idée de l’indispensable dose de sucre avant un effort est tellement ancrée dans les esprits de certains qu’une simple remarque comme la mienne peut les rendre à la limite de l’agressivité.

A la fin du cours, quand nous sommes toutes rentrées dans notre vestiaire pour nous sécher et nous changer, Marguerite a discuté avec d’autres filles. Nous nous sommes dit un sobre au-revoir. Je ne suis pas fâchée contre elle mais je pense que nos prochains échanges vont être intéressants !  Je l’attends au tournant pour la rassurer et la recadrer aussi car je n’aime pas me sentir jugée.

Solitude du keto

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C’est ça aussi l’alimentation cétogène, la pratique du jeûne intermittent : accepter d’être être seul(e). Mon entourage, amis et famille, sait ma nouvelle façon de manger. Même certains de mes collègues sont au courant et tout se passe bien. Mais quand je me confronte au regard extérieur, de personnes qui ne font pas partie de ma vie, c’est assez désagréable. Je dois encore beaucoup apprendre.

Je ne sais pas si c’est cette petite scène qui m’a fait de l’effet, mais j’ai cartonné lors de la séance de mercredi ! Je redoublais d’énergie ! Et contrairement à de nombreuses filles, je n’ai jamais eu de crampes, moi ! Na !

:o) Je suis peut-être minoritaire, mais je suis au moins aussi orgueilleuse que Marguerite !

Si vous avez des trucs et astuces pour passer tranquillement en public avec jeûne et kéto, je suis preneuse !

Bises jeûnantes à toutes et tous !

Retrouvez tous mes keto billets ci-dessous !

2 réponses

  1. Coucou Bichette,

    Toujours un plaisir de te lire. Mon astuce pour « défendre » l’effort à jeun c’est l’argument préhistorique je m’explique ! Quand nos ancêtres partaient chasser durant des heures, à courir, marcher, sauter, se battre, ils étaient la plupart du temps à jeun et ce depuis des heures … voilà j’aime bien cette comparaison. Bon je te préviens y a toujours un rabat-joie qui te sortira « et ils mouraient à 40 ans ! » !

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