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Keto billet n°9 – La floraison des patiences

10 octobre 2021
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Quand on se lance dans un projet de perte de poids, on est souvent pris d’une fébrilité bien particulière.

La guetteuse

Pour ma part, j’ai vécu 35 ans en surpoids quand, tout à coup, un matin d’octobre 2020, il fallait absolument que je perde des kilos par dizaines. J’ai été saisie d’une impatience nouvelle, une sorte de nervosité de la réussite, semblable à une excitation des grands jours. Ma décision était prise : j’allais fondre. Je ne savais pas encore comment, je ne savais pas encore dans quelles conditions mais je voulais faire s’écrouler le 132 de la balance. Et c’est à peine si le lendemain de cette décision, je ne cherchais pas déjà les premiers signes de progression.

Et c’est là toute la question : la traque de la perte de kilo, de centimètre, de ce tout petit espace qui s’insère entre toi et le jean. Est-ce le pantalon qui est détendu ou toi qui as perdu 100 grammes ? Petit doute qui demandera à être confirmé par la balance, seul véritable juge de paix. Parce que même si on entend dire que la balance ne fait pas tout, elle en fait quand même beaucoup ! Il y a un moment, quand tu dois sortir de l’obésité, ça passe sûrement par des sensations, des mesures de vêtements mais aussi et surtout par les chiffres qui diminuent sur le petit cadran.

La toute puissance

Je me souviens qu’en novembre 2020, alors que je n’étais pas encore en keto mais au « régime » (comprenez, je me débrouillais toute seule avec mes connaissances de l’époque, comprenez, j’étais au régime hypocalorique, comprenez, j’étais en restriction de ouf), j’ai perdu 7 kilos en quatre semaines. J’étais alors euphorique. A chaque fois que je montais sur la balance, je savourais l’écart creusé avec la dernière pesée. Je faisais mes calculs méthodiquement sur un tableur Excel (je suis un peu monomaniaque) pour établir la moyenne de perte par semaine, voire par jour, faire des projections, tracer des courbes de progression. J’étais portée par l’enthousiasme, prise par l’ivresse du contrôle. J’avais enfin le pouvoir sur ce qui me posait un problème depuis toujours. Je me prenais alors pour une sorte de déesse toute puissante de mon corps ! En décembre 2020, j’ai continué à perdre beaucoup : 6 kilos s’étaient envolés.

Un kilo d’eau n’est pas un kilo de gras

Vous aussi, vous avez compris : j’avais alors fait le plus facile. J’avais perdu de l’eau. A partir de janvier 2021, j’attaquais le gras. C’est à ce moment que je me suis mise à l’alimentation cétogène. Comme vous le savez, il m’a fallut quelques semaines pour me caler sur le rythme keto, pour en comprendre plus précisément les mécanismes et corriger mes erreurs de débutante.

J’ai commencé à perdre moins vite et ainsi découvert l’expérience de la patience. J’ai compris, à mon corps défendant, que la perte de poids n’est pas un sprint mais un marathon. En fait, non, ce n’est même pas un marathon, c’est un nouveau rythme de vie. Je ne m’arrêterai jamais.

Fini de perdre deux kilos par semaine. Fini la courbe de poids qui baisse à chaque pesée. J’ai découvert les émotions allant de paire avec une reprise de quelques centaines de grammes, voire de quelques kilos. Ouch ! Ca piquote !!

Les semaines de keto strict, sans aucun écart, qui se soldent par une stagnation, zéro progrès ? Oui, j’ai connu ! Celles au cours desquelles je me suis dépensée sans compter, donnant tout en cours de sport, de natation, de randonnée et qui se finissent par l’incapacité à boutonner mon jean ? Oui, j’ai connu aussi !

Je ne dis pas qu’en 10 mois, il y a eu beaucoup de ces moments, je dis qu’il y en a eu quelques-uns. Et quand ils se présentent à toi, tu les sens bien passer !

Bien sûr, une semaine, ce n’est rien dans une vie. Sans compter qu’il y a tellement de facteurs autres que l’alimentation et le sport dans une perte de poids : le cycle menstruel, le sommeil, le stress, la prise de muscle, la recomposition corporelle, l’inflammation, l’eau, la constipation, et tant d’autres éléments à prendre en compte.

Mais quand on croit qu’on est maître à bord, que notre poids va changer parce qu’on l’a décidé, parce qu’on a mis en place des actions pour cela, on est fatalement confronté un jour à la réalité : notre corps vit sa vie (qui se trouve être également la nôtre).

Mince, je ne suis pas Zeus !

Non, notre volonté n’est pas toute puissante. Ce n’est donc pas notre faute si le chiffre qui s’affiche ne nous plait pas. Ce n’est pas non plus parce qu’on n’a pas de chance ou parce que le sort s’acharne. C’est juste que nous sommes des êtres vivants complexes dont le fonctionnement recèle encore de bien nombreux mystères.

Si le corps est plus résistant à notre bon vouloir qu’on ne le pense, notre regard, lui, est plus faible, plus perméable aux injonctions extérieures qu’on ne le présume. On se dit souvent que tout part de la tête, alors que souvent, tout part d’ailleurs : du cœur, du ventre, de l’âme.

On ne peut pas décider des chiffres de la balance, ni ceux du centimètre autour de notre taille. On peut décider de nos actions mais pas de leurs conséquences. Ce qui marche sur l’une d’entre nous, ne fonctionnera pas toujours sur l’autre. Ce qui est compatible avec l’un d’entre vous ne le sera peut-être pas pour moi. Nos corps sont des univers différents. Sortir de l’obésité, c’est partir à la rencontre de soi-même, c’est découvrir son propre fonctionnement sans préjugé, sans résistance. C’est aller à son propre rythme.

Patience, ça pousse !

Les patiences sont des fleurs qui poussent en terrain argileux. On les considère parfois comme de mauvaises herbes alors qu’elles ont des vertus médicinales incontestées. Les patiences sont fragiles et leurs apports précieux.

Notre patience à nous pousse sur le terrain complexe et peu fertile de notre manque de confiance en nous. Nous voulons des résultats très vite, trop vite au risque de nous décourager et d’abandonner alors que les racines de notre réussite sont peut-être en train de prendre. Il ne faut pas oublier qu’on ne voit pas toujours ce qu’on gagne.

Comme quand on regarde une fleur, on ne la voit pas pousser, on ne se voit pas mincir. Notre évolution est faite de petits progrès, parfois invisibles et pourtant bien réels.

Je ne suis plus la femme surexcitée à l’idée de monter sur la balance pour constater qu’elle a perdu 2 kilos en 5 jours. Je ne suis plus la femme qui descend de sa balance le cœur brisé d’avoir constaté une reprise de 1 kilo en une semaine. Je me vois désormais en jardinière expérimentée : ça met peut-être du temps, mais ça pousse, inexorablement.

Une belle plante va sortir de terre, bientôt.

;o)

Une réponse

  1. Le plus dur est peut-être finalement de lutter contre notre cerveau qui active le circuit de récompenses. Le nombre de kilo perdu, le nombre de centimètres autour de la taille font partie des récompenses. C’est tout un travail que d’acquérir de la sérénité avec son corps, dans la démarche entreprise, de créer / trouver un autre type de récompense. C’est un sacré challenge qui en vaut la chandelle!

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