Keto Billet n°8 – Toxic
Attention, certains propos tenus dans ce texte traitant de violences conjugales, ils peuvent heurter la sensibilité de certaines personnes.
Attention
Depuis que je suis toute petite, j’ai une tendance au surpoids. Et donc depuis que je suis toute petite, j’ai entendu dire que je devais faire attention à ce que je mangeais. Attention, pas trop de gâteaux. Attention, pas trop de glaces. Attention, pas trop de pain. Attention, pas trop de frites. Pas trop de biscuits apéritifs, pas trop d’entrées, pas trop de plat, pas trop de fromage, pas trop de dessert, pas trop de gouters, pas trop de diner.
« Pas trop », ça voulait dire qu’il y avait toujours un risque de dépasser la limite acceptable. Et comme le « trop » n’était jamais quantifié, jamais compté, il était toujours variable et subjectif. Une cacahouète, c’était déjà trop, c’était déjà mal. Je me suis construite comme de nombreux enfants ayant une relation trouble à la nourriture, dans un mélange de fascination, de répulsion, de fantasme et de peur. Manger était vécu comme un paradoxe permanent : bon et mauvais en même temps. Manger m’a rendu folle, vulnérable à une mauvaise rencontre.
Devenant adulte, j’ai continué à cultiver mon ambivalence pour la nourriture : Entre elle et moi, c’était je t’aime, moi non plus. Les moments des repas ont toujours été constitué de tensions intérieures : est-ce que ce que je prévois est bien, mal, trop, trop peu, bon, mauvais, tout ça en même temps ? Cela faisait partie de ma vie, de ma routine. J’avais fini par l’intégrer, par l’accepter. Oui, manger était un problème. Mais on s’adapte tous à nos petits problèmes, n’est-ce pas ? Rien n’est parfait dans la vie alors je me suis résignée : moi et la bouffe on aurait toujours une relation toxique.
Le sale type
Comme ce mec dont tu es tombée folle amoureuse. Tu sais, ce gars, le bad boy ?! Il est un peu borderline mais bon sang, qu’est-ce que tu l’aimes ! Tu te dis qu’il est toute ta vie ou presque. Tu es sous son emprise et tu ne t’en rends pas compte. Bien sûr, il n’est pas un ange, mais il n’est pas un monstre non plus. Il est même très gentil la plupart du temps. Il est d’ailleurs adoré par tout le monde ! Et puis, toi, tu le connais, tu sais qu’il t’aime vraiment et qu’entre vous, c’est plus fort que tout. Alors oui, de temps en temps, régulièrement, toutes les semaines ou tous les jours, il t’insulte ou il te cogne. Mais tu lui pardonnes parce que tu l’aimes. Parce que tu penses que tu l’aimes. Tu penses que tu ne pourrais pas vivre sans lui.
Et un jour, après un travail qui peut te prendre des mois, des années, après avoir été aidée, soutenue, aimée par d’autres, tu te rends compte que cela doit s’arrêter. Tu en as marre de prendre des gifles. Tu te rends compte de ta peur et de son immensité, de toute la place que cette peur prend dans ta vie. Tu as peur de le quitter, mais tu as encore plus peur de rester avec lui. Maintenant, tu sais que quelque part, il est en train de te tuer. Doucement, patiemment, il construit son entreprise de démolition. Et le pire dans cette histoire, c’est que tu sais qu’il clamera toujours son innocence. Il te fera passer pour la coupable, celle qui n’a pas su gérer la situation. Tu ne peux pas avoir confiance en lui. Tu as appris à te méfier de tout ce qu’il peut te faire.
Ce mec est peut-être beau, émouvant, attirant, magnétique, désormais, tu le détestes parce qu’il fait de toi une personne malheureuse.
Depuis des années, tes amis, ta famille pensent que tu devrais le quitter. Tous te regardent avec les yeux emplis de compassion et d’impuissance. Pourtant, et c’est bien ça aussi le problème, ce mec est invité chez tout le monde. Il donne le change en public, il sait s’y prendre. Il est séducteur. Il est très fort. Tu te dis que peut-être, il est trop fort pour toi.
Dans mon histoire, ce mec, c’est le sucre.
Sugar, my love
Le sucre, je l’ai aimé. Je l’ai adoré. Et pourtant, il m’a maltraitée. Il m’a humiliée, déformée, presque tuée. Il m’a fait grossir, beaucoup, beaucoup trop. Il m’a rendue malade. Il m’a causé des problèmes de peau, de dents, de sommeil, d’articulation, de concentration, d’addiction, de confiance en moi. Pourtant, je lui ai pardonné toutes les souffrances qu’il m’a fait endurer. On passait de si bons moments ensemble. Je l’aimais tellement ! J’ai cru que je ne pourrais jamais me passer de lui.
Cela m’a pris du temps (beaucoup de temps), mais parce que j’ai repris ma liberté sur mon corps, sur mon rapport à la nourriture, j’ai pu le sortir de mon existence.
Et le sucre, comme tous les crevards, revient régulièrement quémander une petite attention, avec ses yeux de cocker, avec son petit air innocent : S’il te plait, juste 5 minutes. Prends un petit morceau de ce gâteau. Goûte cette bûche de Noël. Juste un chocolat, un seul ! Aller, un petit cocktail entre copines, ça ne te fera pas de mal ! Une bouchée de gratin dauphinois et on arrête.
Fuck off !
Je n’ai pas besoin de hurler. Je reste calme face à lui, prise d’une colère froide et je lui claque la porte au nez non sans lui avoir rappelé qu’il a pourri ma vie pendant 40 ans, alors maintenant, il dégage. C’est moi qui décide de qui ou quoi rentre dans ma vie.
Je ne dis pas que c’est facile. Moi aussi, comme les femmes qui « craquent » en recouchant avec leur ex, je peux « craquer » face au sucre et me dire que j’ai évolué, que maintenant, je serais plus forte, je serais capable de lui résister. Mais ces élans de tendresse, de pitié ou de désir pour le sucre, j’ai appris à m’en méfier. Ce n’est pas contre lui, c’est pour moi. Lui n’a pas changé, moi si car désormais je sais dire non.
Je suis résistante à l’insuline, j’ai encore 20 kilos à perdre pour être en bonne santé. Je ne veux pas développer de diabète, de cholestérol ou d’autres pathologies. Je suis tellement heureuse depuis que le sucre est sortie de ma vie ! Je dors mieux. Je perds du poids. Manger est devenu une fête quotidienne. Je suis heureuse. Je vis désormais dans la tranquillité d’un quotidien alimentaire stable et sécurisant. Fini de me demander si ceci ou cela est en trop ou en pas assez. Les questions que je me pose me rassurent et surtout me font avancer vers une santé meilleure. Le sucre, lui, ne m’apportera jamais rien de bien, à part la panique mentale et le danger physique.
Nouvelle vague
Cette rupture m’a également permis de rencontrer de nouveaux partenaires amicaux, amoureux, culinaires. Des gens avec qui je suis différente parce que peut-être je suis enfin moi-même.
Maintenant que je commence à comprendre l’alimentation cétogène, je découvre ce que ça fait de manger sans avoir peur. Manger de la bonne nourriture, rassasiante, saine, équilibrée et gourmande.
Je mange les crêpes de @ceto_vie comme on prendrait le thé chez une nouvelle amie tellement sympa qu’on regrette de ne pas l’avoir connue avant !
Je déguste le poulet satay de @monsieur_keto comme je boirais un verre avec un homme en qui j’aurais confiance, enfin !
J’envisage les fêtes de famille avec générosité, appétit, et tout simplement, avec amour.
Je dîne avec mes amis des repas inédits, je teste des recettes audacieuses, enhardie de ma nouvelle liberté qui me porte dans une douce ivresse.
Je ne regrette rien, et surtout pas d’avoir quitté celui qui m’a fait tant de mal.
2 réponses
Oh oui, ne regrettes rien ! Vives les nouvelles découvertes culinaires 🙂
Billet émouvant et si vrai, comparer une relation toxique et une addiction au sucre et judicieux, oui il essaie de nous séduire à nouveau régulièrement mais on est plus fortes que c’est petits grains de Sucre qui nous a pourris la vie…..