You are a drama queen
Certaines sont dancing queen, moi parfois, je suis drama queen !
Je peux vite monter en pression. Je panique à la première bouchée d’un aliment dont finalement je ne suis plus sûre de la keto-compatibilité. J’ai déjà pleuré pour un kilo en plus sur la balance. J’ai douté sur chaque repas ou presque. Depuis le début du keto, je vérifie tout : mes macros, la qualité des ingrédients, le temps écoulé entre chaque prise alimentaire, l’heure des repas, la durée de ma nuit, le nombre de kilomètres marchés chaque jour, celui des longueurs réalisées à la piscine. Je ne veux rien laisser passer. J’ai 65 kilos à dégager de mon corps et ils ne vont pas partir tout seuls !
Je suis l’alimentation cétogène, et depuis peu, je découvre même les bienfaits du jeûne. Ces deux modes de vie imposent une certaine hygiène au quotidien, un cadre assez strict. Pour rappel, en règle générale, quand on mange cétogène dans un but de perte de poids, on se limite à un maximum de 20 grammes de glucides par jour, ce qui est très peu. Il faut également veiller à manger assez de lipides (de bons gras) et une quantité de protéine raisonnable mais suffisante (bonjour l’équilibre entre le trop et le trop peu !). Par ailleurs, il est recommandé de pratiquer une activité physique chaque jour (au moins 30 à 45 minutes de marche). Cela fait de nombreuses règles à respecter tout en étant détendue pour ne pas faire monter le cortisol (et oui, un taux élevé de l’hormone du stress fait grossir !). Bref, l’aventure d’une importante perte de poids est semée de contraintes à respecter sur le long terme.
Et bien sûr, tout cela s’adapte à chacun d’entre nous en fonction de nos vies de famille, de travail, en fonction de nos budgets, de nos sorties, etc.
Pour ce qui me concerne, et je sais que je ne suis pas la seule, l’équation est assez simple :
Personnalité angoissée + règles de vie exigeantes = émotions parfois déstabilisantes
La vie en keto, ce n’est pas un jour sur deux, ce n’est pas 5 jours par semaine, non, c’est tous les jours, toute l’année. C’est donc tous les jours, ou presque, toute une série de questions à se poser.
J’ai un diner ce soir : Vais-je boire un verre de vin ? Si oui, pourquoi, lequel, avec qui, à quel moment ? Si non, pourquoi et comment résister ? Que vais-je manger ? Est-ce que j’apporte quelque chose de keto ? Est-ce que j’appelle les gens qui m’invitent pour vérifier avec eux que j’aurai quelque chose de compatible ? Est-ce que je mange avant, ou alors en rentrant ? Du coup, qu’est-ce que je mange à midi ? Et demain, je fais comment ? Quelles sont mes possibilités en fonction de mon emploi du temps, de mes autres contraintes ? De quoi ai-je envie ? Qu’est-ce qui me ferait plaisir ? Qu’est-ce qui me ferait du bien ? Si je fais un « écart », comment le compenser ?
Et une fois sur place, je dois vérifier, même approximativement, combien de petites bouchées je pioche pendant l’apéritif. Puis au diner, quelles quantités je demande à être servie, de quels aliments. Si je dis non devant tout le monde, comment faire pour que ça passe sans me faire remarquer et sans vexer le/la cuisinier(e) ? Si je ne prends pas de dessert, est-ce que je peux regarder les autres en prendre sans que cela ne me frustre ? Est-ce que je goute quand même un petit peu d’un plat non keto ? Faut-il que je m’arrête ? Est-ce que j’ai raison de prendre telle décision ? Est-ce que je ne vais pas le regretter ?
Ca en fait des questions pour un simple diner entre amis sensé me détendre !!
Lâcher prise ?
J’entends d’ici les discours lus et écoutés mille fois : Ca vaaa !! Relax ! Arrête de te prendre la tête ! Lâche prise ! Faut te laisser vivre un peu ! Relâche la pression ! Accepte la vie comme elle vient ! Tranquille ! Tu vas te faire monter le cortisol ! Sois cool ! Ecoute-toi, tout simplement ! Ce n’est pas grave de craquer !
Et dans la lignée de ces belles paroles pleines de bon sens, vient généralement une ribambelle de conseils tout aussi avisés : Respire un grand coup, ça ira mieux ! Fais de la relaxation. Fais de la cohérence cardiaque. Fais du yoga. Fais du sport. Va voir un psy. Prends un décontractant. Fais un câlin. Va te faire masser. Change-toi les idées. Pense à autre chose. Mange un peu de sucre (oui, je vous jure, j’ai déjà lu ça !). Fais-toi plaisir. Fais-toi du bien. Pense positif.
Non, ne lâche rien !
Ca se sent que je ne suis pas une adepte de la pensée positive ? Non pas que je sois fan de la pensée négative, mais je pense que se poser des questions est salutaire à plusieurs titres :
- Il est sain d’exprimer ses émotions.
On nous a souvent appris à grandir et à vivre en taisant ce qui peut déranger, ce qui n’a pas de réponse évidente. C’est un peu « débrouille-toi avec tes problèmes de bouffe et ne nous embête pas ! ». Alors, je vous donne un scoop : on a toutes et tous le droit de ressentir des émotions, même inconfortables face à la nourriture. Ce n’est pas grave et ce n’est pas notre faute ! C’est complètement normal. Manger, c’est environ trois fois par jour donc c’est potentiellement trois situations stressantes quotidiennes.
- S’empêcher de douter, c’est augmenter son stress et la probabilité de faire des conneries.
Et on sait ce que « faire des conneries » veut dire quand on a des dizaines de kilos à perdre, quand on a un passif de troubles du comportement alimentaires, quand on a un rapport pathologique à la nourriture. Le risque que l’on prend, c’est de perdre tout contrôle et de se trahir. C’est de se dire que foutu pour foutu, autant boire le cocktail, le vin, manger le pain et le dessert sans avoir oublié de prendre une bonne part de gratin dauphinois !
- Exprimer, même à soi-même, même uniquement pour soi-même, ses doutes, ses questionnements, aussi futiles puissent-ils paraître, c’est se permettre de les résoudre.
On ne répond qu’aux questions que l’on se pose. Dois-je manger de ceci ou de cela ? Si tu n’oses pas te poser la question (dont la réponse n’est pas évidente a priori), tu ne trouveras pas la réponse. Et ton comportement sera vicié. C’est comme ça que s’installe la culpabilité, la honte ou le regret…. Et bien sûr les troubles du comportements alimentaires !
- Se poser des questions, c’est progresser.
Certaines questions sont indispensables au début du kéto, notamment lors des moments en société. Mais quand on les a procédées, qu’on les a intégrées, on les dépasse. Et on s’en libère.
Alors attention, ce n’est jamais grave de faire une « rechute », de sortir du céto pour un soir, une semaine ou un mois. Ce n’est jamais grave d’aller à son rythme. Ce que je trouve préoccupant, c’est de ne pas comprendre pourquoi on l’a fait. Bien souvent, on l’a fait parce qu’on n’a pas osé se poser les questions. Une phase d’introspection, même passagère, même légère, fait toujours du bien.
Le choix est une libération
Je pense que manger cétogène est un choix. Un choix réfléchi, cohérent avec ses objectifs et son mode de vie. Et ce choix ne se fait pas seulement quand on est tranquillement assis dans son canapé. Ce choix se fait devant l’assiette, au restaurant, en famille ou avec les collègues. Le pain est là, devant toi, on t’en propose, il a l’air bon et il te fait envie. Tu sais que c’est bon. C’est maintenant que tu fais un choix. Le choix de passer la corbeille à ton voisin et de ne pas en prendre un morceau au passage. Ce choix parfois facile, peut se révéler parfois très dur.
Et ce qui nous empêche de faire ce choix est bien souvent qu’on est pris par des doutes, des émotions qui nous paralysent, qui nous brouillent l’esprit parce qu’on panique, parce qu’on se dit qu’il faut « lâcher prise », qu’on n’a pas le droit de douter. Mais non !! C’est exactement le moment de ne pas lâcher prise, mais au contraire de se concentrer sur ce choix. Oui j’ai envie de ce pain. Mais non, je ne vais pas en manger car je fais le choix du cétogène. Une fois le choix effectué, je vous jure qu’on se sent soulagé. Le conflit intérieur est résolu et on peut passer à autre chose.
Alors peut-être que je n’ai pas fait le bon choix, peut-être qu’avec le recul, je vais me remettre en question, et ne plus jamais refaire le même choix. Et bien tant mieux car cela signifie que j’apprends ! On apprend tous !
Alors, mon conseil beauté de la semaine, c’est : n’hésite pas à hésiter, à douter, à admettre que tu ne sais pas quoi faire ! C’est bon pour la santé de savoir ce qu’on ressent !